A la croisée des chemins
J’avais 17 ans et on était en l’an 2011. C’était la deuxième session de mes études en soin infirmier. Je venais d’entamer le début d’un stage en urologie à l’hôpital Saint-Luc au centre-ville de Montréal. Je ne pouvais plus me mentir, bien que l’aspect théorique comme les cours de biologie me plaisait la réalité quotidienne d’un infirmier quant à elle n’était pas pour moi.
La prochaine étape était de m’inscrire à un autre programme d’étude, tout en terminant les cours de ma session actuelle à l’exception de mon stage à l’hôpital que je ne pouvais absolument plus endurer.
Magnifié par un sentiment de défaite ces démarches semblaient être insurmontables. Le soir, quand je rentrais à la maison, mon esprit était volcanisé par l’attaque incessante de pensée paralysante. Est-ce que je trouverai quelque chose que j’aime faire ? Peut-être que j’aurais dû m’inscrire au collège en pilotage d’aéronefs et poursuivre mon rêve de travailler pour une grande compagnie aérienne comme Air Canada. Quelles seraient les probabilités de mourir dans un accident d'avion si j'étais pilote ? Est-ce que je devrais prendre une année sabbatique ? Est-ce que j’aurais envie de revenir à l’école si je prends une pause ?
Découverte du mindfullness
À cette époque, bien que très occupée, j’étais un adolescent curieux. J’avais aperçu durant mes lectures, dans mes heures perdues à plusieurs reprises des articles faisant l’éloge du mindfulness méditation ou en français la méditation du moment présent, comme étant un antidote au stress et au désordre mental que les tracas quotidiens peuvent causer.
De plus, selon ses articles, la méditation n’étant pas une religion elle n’imposait pas d’adhérence à une vision du monde rigide ou l'adaptation a une doctrine particulière. Il s’agissait d’une pratique bienfaisante équivalente dans sa laïcité à l’activité physique.
Une solution face aux pensées incessantes
Évidemment, j’étais conscient que la méditation n'était pas une solution directe à mon problème. Cependant il me semblait qu’en apparence elle pourrait servir d'instrument pour aider mon esprit à trouver le calme et la tranquillité. Une fois la quiétude retrouvée, je pourrais entreprendre les bonnes démarches et faire un choix réfléchi pour la suite de mon parcours académique et mon avenir. C’est en harmonie avec cette pensée que j’ai pris la décision de méditer 10 minutes par jour.
Ma pratique du mindfulness a très rapidement amenuisé ma tourmente de l'époque. J’ai appris à être plus calme. Toutefois au-delà de la sérénité ressentis lors des premières sessions, ce sont les découvertes survenues par la suite qui ont fait de ma pratique une routine de vie transformative.
La méditation du moment présent implique une attitude de non-jugement et de laisser-aller. C’est sans étonnement et sans surréagir que le pratiquant apprend à observer ses pensées et émotions. Cette manière entièrement attentionnée et en même temps détaché d’expérimenter les phénomènes mentaux amène à des découvertes importantes sur la nature de la conscience humaine.
L’une de ses découvertes est l’observation de la manière dont les émotions s’entremêlent avec les pensées pour amplifier un état d’esprit. Une émotion va amener le flux des pensées dans une direction et ses pensées elles-mêmes vont approfondir l’état émotionnel de la personne. C’est en raison de cet engrenage interrelié qu’une simple réaction émotionnelle négative peut gâcher tout une journée ou voir une semaine, même une vie dans certains cas.
Créature tourmentée
En somme la capacité humaine de réflexion et d’analyse a un triste revers. Encore pire, c’est souvent dans nos heures de repos quand on ne travaille pas que cet écueil se manifeste de manière la plus flagrante. Vous pourrez vous-même observer ce funeste penchant. La prochaine fois que vous êtes seul et que vous être libres de vos tâches habituelles, observez attentivement vos propres pensés.
Vous serez probablement en train de vous inquiéter du lendemain ou de ruminer inutilement certaines expériences passées, il se pourrait même que vous soyez en train de vous plonger dans un scénario imaginaire, mais ô combien déplaisant.
Évidemment la réflexion et l’anticipation du futur ne sont pas systématiquement négatives. Cependant quand ces derniers sont vécus dans un état semi-conscient provoquant stress et anxiété et sans amener de solution concrète à un problème quelconque, il s’agit simplement d’une forme de souffrance mentale. Cette triste tendance de l’esprit humain à l’agitation et à l’angoisse peut être calmée considérablement par la pratique méditative. Je vous inviterais à essayer.
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